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Call for papers (scadenza 30/9/2024): La Méditerranée à l’épreuve de l’histoire environnementale (XVIe-XXIe siècle) – Nizza

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En juin 2025, la France accueillera à Nice la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan, avec quelque 120 chefs d’État et de gouvernement, mais surtout des centaines de spécialistes et d’acteurs institutionnels et non-institutionnels. Ce temps de débat et de partage autour de l’avenir des océans est l’occasion pour la discipline historique de s’emparer de ces questions. L’objet d’étude de ce colloque international est la Méditerranée, non seulement la mer mais le monde méditerranéen dans son ensemble. Les études méditerranéennes sont intrinsèquement liées à l’« environnement » depuis les travaux pionniers de Fernand Braudel. Aujourd’hui, l’histoire environnementale n’interroge plus seulement le milieu braudélien mais l’ensemble des interactions des acteurs humains et non-humains avec l’environnement. Le but de ce colloque est donc de porter un nouveau regard sur la Méditerranée grâce à l’histoire environnementale.

Announcement

Argumentaire

En juin 2025, la France accueillera à Nice la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan, avec quelque 120 chefs d’État et de gouvernement, mais surtout des centaines de spécialistes et d’acteurs institutionnels et non-institutionnels. Ce temps de débat et de partage autour de l’avenir des océans est l’occasion pour la discipline historique de s’emparer de ces questions. L’objet d’étude de ce colloque international est la Méditerranée, non seulement la mer mais le monde méditerranéen dans son ensemble. Les études méditerranéennes sont intrinsèquement liées à l’« environnement » depuis les travaux pionniers de Fernand Braudel (Braudel, 1949). Aujourd’hui, l’histoire environnementale n’interroge plus seulement le milieu braudélien mais l’ensemble des interactions des acteurs humains et non-humains avec l’environnement. Le but de ce colloque est donc de porter un nouveau regard sur la Méditerranée grâce à l’histoire environnementale. Autrement dit, comment ce champ historique permet-il de reconsidérer le spectre des études méditerranéennes, allant de l’histoire économique et maritime jusqu’à l’histoire politique, en passant par l’histoire culturelle et sociale ? Dans quelle mesure cet espace possède des dynamiques propres ? Comment les sociétés méditerranéennes adaptent-elles aussi des modèles extérieurs ? De quelle manière des pratiques particulières de certaines régions méditerranéennes sont-elles intégrées dans d’autres espaces, méditerranéens ou non ?

Depuis une vingtaine d’années, l’histoire de la Méditerranée a connu des renouvellements (Cahiers de la Méditerranée, 2021), jusqu’à questionner la pertinence même de cet objet historique (Moatti, 2020). Une perspective environnementale se justifie cependant par une relative unité climatique, la fameuse triade méditerranéenne, les paysages de terrasses et de lagunes, entre terre et mer, sans oublier une certaine diversité, comme les déserts de la rive Sud (Fouache, 2003). Cette approche stimulante a déjà nourri des réflexions historiques, par exemple dans le programme de recherche « Les sociétés méditerranées face au risque » (2002-2007) (Chastagnaret, 2009 ; Cousin, 2011 ; Velud, 2012 ; Chastagnaret et als, 2013), ou l’actuel « Gouverner les îles » (2022-2026). Envisager cette question entre les époques moderne et contemporaine semble approprié puisque des ruptures existent, climatiques par exemple (Revue géographique des pays méditerranéens, 2022), mais les continuités l’emportent, comme l’exploitation des ressources (Rousselle, 1997).

C’est donc l’ensemble des nouvelles recherches en histoire environnementale questionnant une singularité de la Méditerranée qui seront ici interrogées, discutant son unité et sa diversité, dans le cadre d’études de cas issus des rives nord et sud, et de la mer elle-même. Il faudrait d’ailleurs définir si les dynamiques sont les mêmes entre ces deux rives, avant, après et pendant la colonisation (Davis, 2013 ; Histoire Politique, 2022). Plusieurs thématiques pourront rythmer ce colloque, sans viser l’exhaustivité, ni négliger leur transversalité :

Les ressources naturelles

La question des ressources alimentaires est une pierre angulaire de l’histoire environnementale. La spécificité méditerranéenne provient évidemment de la triade méditerranéenne, sans oublier d’autres céréales, l’élevage, mais aussi l’exploitation des ressources halieutiques (Faget, 2017 et 2022 ; Rivoal, 2022), ou encore du corail (Rives méditerranéennes, 2018). Cette biodiversité méditerranéenne reste néanmoins mouvante : les vagues d’acclimatations botaniques, notamment dans les jardins (Blais, 2023), ont eu pour but d’améliorer les productions agricoles. Pour accroître et optimiser ces activités, les sociétés ont dû maîtriser l’eau. Les marais sont nombreux à être asséchés sur le pourtour méditerranéen (Lemeunier, 2004). L’irrigation interroge aussi les conflits d’usage réguliers autour des « communs » (Gasparini, 2012). Les ressources énergétiques et le passage des énergies anciennes aux énergies fossiles doivent également être étudiés.

Un environnement saturé et pollué

Cette surexploitation des ressources mène à une intensification des pollutions, dès l’époque moderne et avec une amplification à l’âge industriel (Chastagneret, 2017 ; Daumalin et Laffont-Schwob, 2016 ; Rives méditerranéennes, 2020). Une attention particulière doit être apportée aux pollutions marines. Il convient alors d’examiner en miroir la naissance et le développement des politiques de conservation et de protection (Marcel, 2013), tout en considérant la résilience individuelle ou collective.

Aménagement urbain

Les aménagements trouvent de nombreux échos dans les parties précédentes (irrigation, industrie, zone d’exploitation pétrolière ou gazière…). Cet angle d’approche met l’accent sur l’urbanisation de l’aire méditerranéenne et ses relations à l’environnement, avec une attention particulière à porter sur les ports. Par exemple, un contournement routier a été organisé à l’intérieur – voire au-dessus – de la ville de Nice pour conserver l’aspect « naturel » de la Promenade des Anglais et de la mer (Bodinier, 2024).

Tourisme

Il est certain que le tourisme – élément constitutif de la Méditerranée depuis le XVIIIe siècle (Corbin, 1988) – est un accélérateur des aménagements tant sur les littoraux que dans les espaces de montagnes, et plus généralement transforment l’ensemble des relations humaines à l’espace méditerranéen et à son environnement.

Les sociétés face à la nature : risque, catastrophe, résilience, gestion

Une approche par les risques et les catastrophes apporte aussi un nouveau regard sur l’histoire maritime et commerciale avec l’étude des naufrages (Tavenne, Devilliers, 2022). L’actualité météorologique récente de la tempête Alex rappelle aussi les risques des torrents méditerranéens (Sud-Ouest européen, 2011), sans oublier le risque d’inondation (Chastagnaret et al., 2006), de séisme et celui de feu de forêt (Chalvet, 2005). Les maladies et les épidémies ont également rythmé l’histoire de la Méditerranée, pensons à la malaria, à la peste ou au choléra. Les sociétés y répondent individuellement et collectivement : par exemple , jusqu’au XVIIIe siècle, dans la Méditerranée catholique, la population recherche l’intercession divine par des processions lors des périodes trop sèches ou trop humides (Barriendos, 2010) ; les savants pensent le changement climatique d’origine anthropique et apportent leur expertise au siècle des Lumières (Casti Moreschi, 1989) ; à partir du XIXe siècle, les institutions spécialisées étatiques prennent progressivement en main la gestion des risques, plus récemment en dialogue avec les associations de citoyens.

L’ensemble de ces thématiques doivent être envisagées à l’aune des changements globaux de l’Anthropocène, avec leurs conséquences sur les sociétés humaines, la faune et la flore.

Modalités de soumission

Les propositions formulées en français ou en anglais, langues de ce colloque international, doivent être comprises entre 1000 à 3 000 signes et accompagnées d’une présentation bio-bibliographique. Elles seront adressées par courriel à leonie.boissiere@univ-cotedazur.fr et à dolet.simon@gmail.com.

avant le 30 septembre 2024